26 janvier 2020

Datée pour mémoire

Les compagnons des chantiers de restauration savent que des messages leur sont adressés par ceux qui les ont précédés. Une pierre gravée a ainsi été retrouvée dans le sol de la cour de l’aile droite du Palais social, dont la restauration depuis décembre 2019 est le préalable à la réhabilitation de l’édifice en habitat social, selon sa vocation d’origine.

Vue de la surface d'une pierre gravée.

La pierre millésimée 1878 retrouvée en décembre 2019 dans le sol de la cour de l'aile droite du Palais social. Photographie Familistère de Guise.

Une nouvelle belle découverte de chantier, après celle du chapeau du couvreur de l’aile gauche du Palais social. En raison de l’état préoccupant des structures métalliques du XIXe siècle soutenant la dalle de la cour de l’aile droite, la réfection totale du sol s’est avérée nécessaire (maîtrise d'œuvre : Eugène architectes ; maçonnerie gros oeuvre : Léon Noël). La démolition minutieuse de l’existant a été accomplie au mois de décembre 2019. Parmi les volumineux remblais de maçonnerie qui formaient l’épaisseur du plancher du sol de la cour, se trouvait un bloc de craie sur lequel les compagnons maçons ont immédiatement identifié une inscription. Ils l’ont fort heureusement mis de côté comme un témoin significatif de l’histoire de l’édifice.

Vue en plongée du chantier de restauration du sol d ela cour de l'aile droite.

Le chantier de restauration du sol de la cour de l'aile droite en décembre 2019 ; en bas à gauche, la zone de découvertte de la pierre gravée, où s'activent les compagnons maçons. Photographie Familistère de Guise.

1878

La pierre a la forme d’un grossier parallélépipède d’une taille approximative de 50 centimètres de hauteur, 70 centimètres de longueur et 40 centimètres d’épaisseur. Sur sa surface plane, deux séries de chiffres superposées ont été gravées au moyen d’un outil rudimentaire. La série supérieure, qui commence par un « 1 » n’est pas déchiffrable avec certitude. Au-dessous, on lit par contre aisément une date : 1878.

Vue générakle du chantier de restauration de la cour de l'aile droite.

Le chantier de restauration du sol de la cour de l'aile droite en décembre 2019. Photographie Familistère de Guise.

La construction de l’aile droite

La première aile du Palais social, l’aile gauche, est bâtie en 1859-1860. La construction du pavillon central suit rapidement : elle a lieu en 1863-1864. Mais Jean-Baptiste André Godin doit attendre une quinzaine d’année avant d’achever son projet avec l’édification de l’aile droite. Le long procès en séparation qui l’oppose à sa première épouse Esther Lemaire, avec laquelle il s’est marié en 1840 sous le régime de la communauté de biens, met en péril le Familistère. La liquidation de la communauté ayant été prononcée en mars 1877, Godin met aussitôt en chantier l’aile droite du Palais social. Elle est achevée en 1879.

Aucune archive des chantiers de la construction du Familistère n’a été conservée. La pierre gravée retrouvée dans le sol de la cour de l’aile droite vient à propos préciser le calendrier d’exécution des travaux. Le gros œuvre de l’aile droite et la verrière de sa cour intérieure sont déjà réalisés lorsque les maçons embauchés par Godin mettent en œuvre le sol de la cour couvrant la partie centrale des caves. Plusieurs d’entre eux gravent le millésime de l’année sur un bloc placé dans le plancher sur laquelle sera coulée une dalle de ciment. Elle réapparaît après 142 ans.

Pour en savoir davantage : Le Palais social