15 juin 2023

Revue de chantier n°4 - Maçonnerie et couverture

Depuis 2000, les chantiers de restauration du Palais social, classé aux monuments historiques depuis 1991, se succèdent. La façade sud du pavillon central a déjà fait l’objet de deux campagnes de travaux : le corps central surmonté du belvédère est restauré en 2015 et les deux extrémités de la façade sont restaurées en 2019. Les deux parties courantes restaient à traiter pour achever la restauration de la totalité de cette façade. Débuté en octobre 2022, le chantier doit être exécuté en l’espace de 9 mois.

Le mois de mai fut particulièrement rempli pour l’ensemble des acteurs du chantier. Tandis que les dernières poses de chevrons et l’installation d’un chéneau finalisent la restauration de la charpente, le rejointoiement de la façade s’accélère. Alors que les nouvelles fenêtres sont fraîchement installées, le chantier avance graduellement vers sa conclusion. 

Application des nouveaux joints à l'aide d'une poche à douille - Mai 2023

Le chantier au service de la culture

Célébrée depuis 1867, la fête du Travail est un événement qui a traversé l’histoire du Familistère. Aujourd’hui appelé le Premier Mai du Familistère, cette journée est l’occasion pour les visiteurs de découvrir le site sous un angle nouveau avec des spectacles et des visites thématiques entre autres. Le chantier a pleinement fait partie de cette édition 2023, aussi fallait-il l’aménager au mieux pour respecter les règles de sécurité ainsi que l’aspect esthétique de la place. C’est pourquoi les espaces de rangement ont été vidés de tous matériaux et outils, les gravats évacués et la place nettoyée. Après cette journée intense, les travaux ont pu reprendre normalement.

Tout au long du chantier, des photos ont été prises en qualité d’archives mais aussi de supports pour imaginer une médiation adaptée. C’est pourquoi de grands panneaux photographiques ont été réalisés et installés sur l’échafaudage. Ils permettent aux visiteurs de découvrir ce qu’il se passe derrière ces grandes bâches blanches. En suivant la chronologie des panneaux, le visiteur peut découvrir l’évolution du chantier, depuis la dépose de la couverture, jusqu’au rejointoiement.

En plus de ces panneaux photographiques, la visite « Fenêtre sur chantier » sera adaptée au cours des vacances d’été. Ainsi, le visiteur pourra découvrir les « nids d'abeilles », ces éléments d’architecture récemment restaurés aujourd’hui visibles grâce à une ouverture dans l’échafaudage. Ce sera l’occasion de parler des façades qui seront alors terminées. Cette visite est aussi l’occasion de comprendre l’évolution d’un chantier, depuis ses prémices, jusqu’à son aboutissement.   

Pâtisserie sur chantier

Les mois d’avril et mai furent l’occasion de commencer le jointoiement polychrome des façades. Comme évoqué au cours des revues de chantier précédentes, la façade du Familistère de Guise est un élément d’architecture particulièrement important. Les joints ne sont pas seulement techniques : ils permettent d’ornementer les parements de brique. C’est pour cela qu’il y a différentes couleurs, afin de créer une harmonie visuelle.

Une nouvelle pratique de jointoiement est mise en œuvre au Familistère : elle consiste en un comblement des joints grâce à des poches à douilles, selon les motifs et les couleurs voulues. Trente minutes plus tard, les joints sont grattés afin de les régulariser et de les aplanir. Cette méthode permet d’être plus précis. Plusieurs ouvriers travaillent en même temps, chacun ayant une couleur différente, ils avancent en équipe, tandis qu’un dernier maçon passe derrière afin d’aplanir le joint. A l’heure actuelle, la façade est presque terminée, il ne reste plus que le premier étage ainsi que le rez-de-chaussée côté aile droite à finir.

À l’occasion de ce chantier, des astuces des maçons du XIXe siècle ont été identifiées par leurs successeurs : des sillons verticaux sont creusés dans les briques panneresses pour permettre de composer de manière symétrique les faux joints formant les alvéoles des tableaux de la façade. Sans le chantier, cette technique visible uniquement de près serait peut-être restée méconnue encore longtemps

Quelle tuile !

Alors que la charpente est finalisée et que le chéneau est en cours d’installation, les travaux de couverture peuvent commencer. En raison de difficultés de production dues à l'hygrométrie trop élevée de l’hiver, la livraison des tuiles accuse un retard conséquent. Les pannes picardes doivent être produites en été puisqu’en cas d’humidité importante elles peuvent se fendre pendant la cuisson. Grâce à un climat printanier optimal, les tuiles ont finalement été livrées le 15 mai et le chantier a pu reprendre. La découpe des tuiles est très salissante, produisant une poussière importante. C'est pourquoi la découpe doit se faire à pied d'œuvre, c'est-à-dire à la base du chantier, afin de ne pas parasiter le travail des maçons de l’entreprise Léon Noël.

Depuis le lundi 22 mai, l’entreprise Gourdon, chargée de la couverture, est arrivée sur le site afin de poser le feutre de sous-toiture. Cet élément est important parce qu’il permet une bonne isolation, notamment thermique de la couverture, et protège la charpente de l’humidité et des saletés. Une fois cette sous-toiture posée, les couvreurs pourront commencer à poser les pannes picardes.

Une fois la couverture terminée et les chéneaux posés, les boîtes à eau, qui permettent de collecter les eaux de pluies de la verrière et de la toiture en amont des descentes le long des façades, pourront être installées. Comme évoqué au cours des revues de chantier précédentes, l’évacuation des eaux pluviales du pavillon central est problématique. Les eaux pluviales de la verrière sont redirigées vers la façade, il faut donc des boîtes à eau suffisamment grandes pour permettre une évacuation optimale des eaux de pluie. Un prototype a été présenté avant modification par les architectes et mis en place.
 

Installation de la nouvelle couverture en tuile

Peinture et menuiseries 

Les premières menuiseries ont été livrées le 2 mai pour mise en peinture, afin qu’elles puissent être posées à partir du 4 mai au 3e étage. Au cours des semaines suivantes, les fenêtres des 1er et 2e étages ont été posées. La couleur des menuiseries est redevenue identique à celle d'origine, un gris clair, permettant à la lumière de se réfléchir et augmenter la luminosité dans les logements. Une fois ces fenêtres posées, il ne restera plus que leur ébrasement à peindre. Ces ébrasements, qui permettent de renvoyer de la lumière à l’intérieur des appartements, sont, comme les fenêtres, d’une couleur gris bleuté. Les fenêtres du rez-de-chaussée ont déjà été remplacées lors de campagnes de travaux précédentes, elles seront peintes aux couleurs d’origine afin de conserver l’homogénéité de la façade.

Restauration des parties courantes des façades du pavillon central classées aux monuments historiques

Maître d’ouvrage : syndicat mixte du Familistère Godin

Maître d’œuvre : Eugène architectes / Charlotte Hubert, architecte en chef des monuments historiques

Ingénieurs structure : Equilibre structure
Économistes de la Construction : Cabinet Pilté
Contrôle technique et coordination Santé Prévention Sécurité : SOCOTEC

Lot 1 échafaudages, maçonnerie : Léon Noël à Saint-Brice-sur-Courcelles (Marne) avec Hussor Erecta à Seclin (Nord) pour les échafaudages
Lot 2 charpente : Métiers du Bois à Bretteville-sur-Odon (Calvados)
Lot 3 couverture : Entreprise Gourdon à Lavannes (Marne)
Lot 4 menuiserie : Adeco à Châtillon-le-Duc (Doubs)
Lot 5 peinture Europ’Décors à Guise (Aisne)

Montant des travaux : 763 158,31€ hors taxes
Financement : Syndicat mixte du Familistère Godin, Département de l’Aisne, Région Hauts-de-France, État (Ministère de la Culture/DRAC Hauts-de-France)