La statue de Godin se détache sur un ciel bleu uniquement taché par un petit nua

La statue de Jean-Baptiste André Godin Photographie Hugues Fontaine, 2002. Collection Familistère de Guise.

La statue de Godin est voilée, au milieu d'une foule immense.

Inauguration du monument à Jean-Baptiste André Godin sur la place du Familistère. Photographie anonyme, 2 juin 1889. Collection Familistère de Guise.

La statue de Godin a été dévoilée.

Inauguration du monument à Jean-Baptiste André Godin sur la place du Familistère. Photographie anonyme, 2 juin 1889. Collection Familistère de Guise.

La statue de Godin est vue de face, peu après son inauguration.

Le monument à Jean-Baptiste-André Godin sur la place du Familistère de Guise. Photographie anonyme, vers 1889. Collection Familistère de Guise.

La seconde statue de Godin est en cours d'installation sur le piédestal.

Installation de la seconde statue de Jean-Baptiste-André Godin sur le piédestal de la place du Familistère de Guise. Photographie anonyme, 1922. Collection Familistère de Guise.

Le mausolée de Godin dans le jardin d’agrément est vu de face

Le mausolée de Godin dans le jardin d’agrément. Photographie anonyme, 1889. Collection Familistère de Guise.

Les monuments à Godin

Un an après la mort de Godin, deux importants monuments sont érigés en son honneur au Familistère, l’un sur la place, l’autre dans le jardin. Rien n’indique que Godin les ait désirés.

Du 15 janvier 1888 au 2 juin 1889

Jean-Baptiste André Godin meurt au Familistère le 15 janvier 1888. Suivant sa volonté, il est inhumé civilement au point culminant du jardin d’agrément sous une simple plate-tombe. L’association coopérative du capital et du travail est orpheline. Le 29 avril 1888, sous la gérance de Marie Moret veuve Godin, l’association décide d'ériger simultanément un monument funéraire sur la tombe du fondateur et une statue à son effigie sur la place du Familistère, pour une somme de 100 000 F.

L’hommage rendu au fondateur doit consolider la légitimité des successeurs de Godin. La réalisation des deux imposants monuments en « pierre bleue » de Soignies ornés de grandes figures de bronze est confiée au sculpteur Amédée-Donatien Doublemard, en collaboration avec le sculpteur Tony-Noël, l’architecte Charles-Alfred Leclerc et le fondeur Maurice de Nonvilliers. Prix de Rome en 1855, Doublemard est natif d’un village près de Guise. Il est l’auteur en 1881-1883 du monument à Camille Desmoulins sur la place d’Armes de Guise.

L’inauguration des monuments à Godin a lieu en présence d’une foule nombreuse le 2 juin 1889, le jour de la fête du Travail, reportée d’un mois pour l’occasion. Sur le mausolée est gravée une exhortation aux coopérateurs, vraisemblablement composée par Marie Moret, veuve de Godin à partir des manuscrits laissés par ce dernier : « Venez près de cette tombe lorsque vous aurez besoin de vous rappeler que j’ai fondé le Familistère pour l’association fraternelle. Restez unis par amour de l’humanité. Pardonnez les torts que les autres ont envers vous. La haine est le fruit des mauvais cœurs, ne la laissez pas pénétrez parmi vous. Que mon souvenir soit pour vous un sujet de fraternelle union. Rien n’est bon et méritoire sans l’amour de l’humanité. La prospérité vous suivra tant que l’accord règnera parmi vous. Soyez justes envers tous, vous servirez d’exemple. »

La figure du héros fondateur domine symboliquement toute l’histoire à venir du Familistère. Dans les années 1930 ou 1960, dans les situations critiques traversées par l’association, la gérance de la société et les travailleurs qui s’opposent à elle se réclament de l’héritage de Godin.

Le monument de la place

Le monument est érigé à peu près au centre de la place, à la croisée de deux axes qui structurent l’espace du Familistère : le premier relie le Palais social et l’usine ; le second passe va de la crèche au théâtre en passant par le pavillon central. Une statue plus grande que nature est élevée sur un haut piédestal dont la base forme un banc.

Godin est représenté debout, en homme d’action, vêtu d’un habit bourgeois. De la main droite, il tient un feuillet et une plume, attributs du réformateur, auteurs de plusieurs ouvrages sur la question sociale. D’un mouvement de la main gauche, la figure semble inviter son spectateur à découvrir le Palais social. Aux pieds de Godin, à l’arrière, sont représentés les attributs de la métallurgie : une enclume, une pince et un marteau, qui rappellent que le fondateur du Familistère a été ouvrier serrurier.

La statue en bronze inaugurée en 1889 est envoyée à la fonte en 1918 par l’armée allemande. Une réplique exécutée par Félix Charpentier, ancien élève de Doublemard, est restituée en 1922.
Le piédestal a conservé ses deux reliefs en bronze d’origine
 : Jean-Baptiste André Godin expose à son personnel les plans concernant la fondation du Familistère, 1859 et Jean-Baptiste André Godin est nommé chevalier de la Légion d’honneur et officier d’Académie, 1882. Sur sa face postérieure, est gravé un plan du Familistère.

Le monument est, de même que la place, classé depuis 1991 au titre de la loi sur les monuments historiques.

Le mausolée

La tombe de Godin se trouve à l’extrémité du jardin d’agrément, sur un promontoire qui domine le paysage. Il se compose d’un obélisque en pierre d’une quinzaine de mètres de hauteur, orné de figures en bronze. Le programme iconographique est vraisemblablement établi par Marie Moret. Sur la base, un buste de Godin est encadré par deux figures assises, plus grandes que nature, deux allégories réalistes.

À gauche est représenté le Travail : un homme puissant, torse nu, portant un tablier à la taille. Son bras droit tient une louche de mouleur identique à celles utilisées par les fondeurs de l’usine. On voit aussi à l’arrière un châssis de moulage, ainsi que les attributs traditionnels de la métallurgie et du travail : une enclume, une pince et un marteau. L’ouvrier tourne le regard vers le buste de Godin.
A droite une mère et son nourrisson symbolisent la Famille. Un berceau est visible derrière eux. De la main droite, la femme montre à son enfant le fondateur du Familistère.

Au-dessus du buste de Godin, la face principale de l’obélisque est ornée par une troisième figure en haut relief. Une femme tenant un flambeau à la main écarte le voile (ou le linceul) dont elle est enveloppée. Légère, elle semble emportée vers le haut. Il s’agit d’une allégorie de la renaissance de l’âme ou de l’esprit après la mort du corps. Godin croyait en effet à l’existence de l’esprit indépendamment de son enveloppe corporelle.

Sur les autres faces de l’obélisque sont gravés les titres des principaux ouvrages du réformateur et quelques citations de ce dernier. Enfin, sur la façade postérieure du monument, un buste de Marie Morte a été ajouté après que sa dépouille ait été inhumée en 1908 auprès de celle de Godin.

La restauration du monument en 2017 par l’architecte Charlotte Hubert a permis de retrouver la patine noire des figures en bronze contrastant avec le gris de la « pierre bleue » de Soignies. Elle a aussi été l’occasion de restituer le marteau du Travail, qui avait été dissocié du mausolée dans les années 1980.

Le mausolée de Godin est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1991.

 

Voir aussi sur le site :
Le Familistère par l'image : Le fantôme de la place du Familistère

Pour aller plus loin :
L'album du Familistère, Guise, Les Éditions du Familistère, 2017, p. 421-423.

Notice créée le 19/09/2017. Dernière modification le 10/01/2019.