Dessin d'un monument

Charles Alfred Leclerc, projet du mausolée de Jean-Baptiste André Godin, dessin, février 1888. Collection Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-27). Crédit photographique : Familistère de Guise.

Projet du mausolée de Jean-Baptiste André Godin

Dessinateur :

Leclerc (Charles Alfred)

Charles Alfred Leclerc (1843-1915), architecte français, Grand Prix de Rome en 1868.

Lieu :

Paris

Date : février 1888
Technique : aquarelle ; encre ; papier ; mine de plomb
Mesures : H. 59 ; L. 37,3 cm
Inscriptions :

en bas à droite : « Esquisse au 1/20e | Charles Alfred Leclerc | février 1888 » et « N° 2 ».

Domaine :

dessin

Acquisition : fonds ancien du musée municipal de Guise, transféré en 2006.
Inventaire n° : 1999-3-27
Notice :

Jean-Baptiste André Godin meurt au Familistère le 15 janvier 1888. Il est inhumé selon sa volonté sous une plate-tombe dans le jardin d’agrément. L’idée d’ériger un mausolée sur sa tombe est discutée dès le mois de février suivant par Marie Moret veuve Godin, élue administratrice-gérante de la Société du Familistère le 26 janvier 1888, les conseillers de gérance de l’Association coopérative et les exécuteurs testamentaire de Godin, Gaston Ganault et Ernest Ringuier, députés de l’Aisne. Le statuaire Paul Paul Tony-Noël, qui avait réalisé en 1881-1882 les portraits en buste de de Godin et de Moret, propose ses services à Marie Moret pour l’exécution du monument. Le 6 mars 1888, il adresse à Marie Moret quatre projets.

Le Familistère de Guise conserve deux des quatre projets : deux élévations de la façade principale du monument à l’échelle 1/20e, signés par Charles Alfred Leclerc, architecte et ami de Tony-Noël. Les deux artistes ont obtenu le Grand Prix de Rome en 1868 et ont séjourné ensemble à la Villa Médicis de 1869 à 1872. Tony Noël vient de travailler sous la direction de Leclerc pour la construction de l’hôtel de ville de Limoges inauguré en 1883. Le sculpteur entraîne à son tour l’architecte dans un projet dont il espère bien recevoir la commande. Le 12 mars 1868, Marie Moret écrit à Tony Noël au nom de conseil de gérance au sujet de l’estimation financière de chacun des projets de mausolée. Elle leur affecte un numéro et les décrit : « N° 1 : Celui où le buste est posé en avant sur un piédestal, où se trouvent deux figures assises (une de chaque côté) et qui se termine par un fût uni. N° 2. Celui avec une figure allégorique de la Résurrection et un fût orné d’une étoile. N° 3 : Celui qui contient le buste entre deux colonnes et qui se termine par sept gradins. N° 4 : Celui au fût annelé, arrondi par le bout, teinté de rouge, et ayant en avant une figure de l’industrie. » Les projets conservés au Familistère correspondent aux numéros 2 et 3 de la lettre de Marie Moret.

Le dessin daté de février 1888 (inv. n° 1999-3-27), le numéro 2, montre un obélisque d’une hauteur approximative de 8,50 m, à la base duquel se trouve un sarcophage en pierre rouge ou rose, gravé des mots « Travail et probité ». Le couvercle de la tombe est ouvert, des nuées s’en échappent. Un génie féminin – allégorie de la Résurrection, selon Marie Moret – s’élève au-dessus de lui. Il soulève une flamme de la main droite et tient de la main gauche une branche d’olivier. Sur la face de l’obélisque, sous une étoile à huit branches, imaginée probablement en bronze et en relief, est gravée la dédicace du monument, avec une erreur dans les initiales des prénoms du défunt : « À la mémoire de P. J. Godin 1888 ».

« Les projets n° 1 et n° 2, continue Marie Moret dans sa lettre à Tony-Noël du 12 mars 1888, sont ceux qui recueillent jusqu’à présent le plus d’adhésion. Si l’idée de la Résurrection exprimée dans le N° 2 se trouvait exprimée dans le N° 1, sans modifier son aspect général, simple et grand, celui-là eût rallié tous les esprits. Je suppose que c’est ce projet que vous avez en vue lorsque vous dites dans votre lettre « Si les deux figures d’accotement du projet au buste étaient décidées, il faudrait en faire comme sujet le dévouement, le travail… » Je dirai à ce propos : si l’on en pouvait faire la Résurrection, le travail, cela rendrait peut-être encore mieux tout ce qu’on désire. » La fusion des deux projets conduit finalement à la réalisation en 1889 des allégories du Travail et de la Famille de part et d’autre du buste de Godin et de l’allégorie de la Résurrection au-dessus de celui-ci.

Le 29 avril 1888, l’Association coopérative du capital et du travail décide d'ériger un monument funéraire sur la tombe du fondateur et une statue à son effigie sur la place du Familistère, pour un montant de 100 000 F. Tony-Noël et Amédée Donatien Doublemard (1826-1900), auteur en 1882 de la statue de Camille Desmoulins inaugurée en 1890 sur la place d’Armes de Guise, sont choisis pour exécuter « ensemble » les monuments. La statue de la place et le mausolée sont inaugurés le 2 juin 1889. La statue a été fondue pendant la première guerre mondiale, mais le mausolée a conservé ses figures en bronze d’origine. Le buste de Godin, et les allégories du Travail et de la Famille sont signés « Doublemard et Tony Noël 1889 ». Le nom de l’architecte Charles Alfred Leclerc n’apparaît pas sur le monument. Les deux dessins du Familistère témoignent de sa contribution à la conception du mausolée de Godin.

 

Sources et bibliographie : Paris, archives de la Bibliothèque centrale du Conservatoire national des arts et métiers, fonds Godin, correspondance de Marie Moret, FG42(15).

Mots-clés : mausolée de Godin
Œuvres en rapport :

Portrait de Jean-Baptiste André Godin

Le mausolée de Jean-Baptiste André Godin

Projet du mausolée de Jean-Baptiste André Godin

Notice créée le 21/02/2021. Dernière modification le 25/02/2021.