
Ultra Pampa_Photographie d'Alexa Brunet

Hyper Life_Photographies de Stéphanie Lacombe
20/09/2025 – 04/01/2026
Les Photaumnales
Présentation
Habiter, c’est bien plus que résider ou demeurer : c’est investir un espace de sens, de mémoire et de lien. À travers leurs regards sur l’architecture, le patrimoine et le bâti, les artistes invités de cette 22e édition des Photaumnales interrogent ce qui fait « maison » : un lieu physique, bien sûr, mais aussi un territoire symbolique, parfois mystique, un ancrage affectif et identitaire. Il est ici question de la complexité de l’habitat, entre héritages familiaux, identités mouvantes et conditions sociales. De l’intime au collectif, de la ruine au foyer, les images présentées résonnent en nous comme avec nos racines, nos appartenances et notre manière d’habiter le monde — ou de nous laisser habiter par lui.
Cette édition ouvre ainsi un espace de réflexion sur notre façon de construire, de transmettre et d’habiter, au sens plein du terme. Elle invite à envisager la maison non seulement comme refuge ou symbole familial, mais aussi comme projection de soi, révélatrice de notre rapport au territoire, à l’histoire et à l’autre. La thématique de cette 22e édition s’inscrit dans le cadre des festivités liées aux 800 ans de la construction de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, célébrés en 2025, l’occasion de regarder cette cathédrale en photographie à travers les collections de photographies patrimoniales ou contemporaines.
Le festival se déploie également sur l’ensemble du territoire avec plus de 25 expositions en lien avec l’architecture et le bâti. Dans l’agglomération du Beauvaisis, à Clermont-de-l’Oise et dans la Communauté de communes du Clermontois, et cette année dans l’Aisne avec le Familistère de Guise ou l’Échangeur à Château-Thierry, nous poursuivons une programmation d’expositions en intérieur et en plein air, au plus près des habitants. Cette volonté de présence de la photographie dans les petites communes se retrouve aussi dans le volet résidences de la programmation. En immersion sur les territoires géographiques de l’Oise Picarde, la Picardie verte, le Pays de Bray, la Plaines d’Estrées, le Pays du Coquelicot, la Champagne Picarde, le pays de Thiérache, mais également dans la région de la Gaspésie au Québec, les photographes traduisent par le prisme artistique des images leur compréhension de ces espaces de vie.
La proximité n’empêche pas de regarder au-delà de notre continent, et le festival poursuit sa volonté de dialoguer avec les cultures lointaines dans une programmation toujours ouverte à l’international. Labellisée dans le cadre de la Saison France-Brésil par l’Institut français, une partie de la programmation fera la part belle à la photographie brésilienne, avec en particulier une exposition dédiée à la scène photographique contemporaine de la région brésilienne du Minas Gerais au Musée Opale-Sud à Berck-sur-Mer. En résonance, le festival prend le large en 2025 grâce au projet : Photaumnales Brasil, avec cinq artistes français qui sont exposés dans la région du Minas Gerais, en partenariat avec le festival Foto em Pauta à Tiradentes, dirigé par Eugênio Sávio.
Directeur du festival
Fred Boucher
Commissaire en résidence
Emmanuelle Halkin
Cliquez ici pour vous rendre sur le site du festival "Les photaumnales"
L'exposition "Les Photaumnales" au Familistère.
Ultra Pampa / Alexa Brunet
Le travail d’Alexa BRUNET questionne notre relation au monde à l’aulne des bouleversements environnementaux du XXIe siècle. Dans ses photographies, elle aborde des thématiques aussi variées que l’habitat, l’environnement, la santé, l’agriculture, et notre lien à la nature. Ses images f lirtent souvent avec la fiction et elle explore les frontières du réel tout en fusionnant différentes temporalités. Dans son travail documentaire, Alexa pratique une photographie plus instinctive, toujours tournée vers l’homme et son environnement. Elle choisit ses thématiques en fonction des interactions sociales et des problématiques rurales qu’elles mettent en évidence. En 2023, Alexa BRUNET est invitée par Diaphane pour une résidence mission sur le territoire de la Thiérache, terre d’élevage et de grandes cultures. Ce travail en immersion sur trois communautés de communes, l’amène à rencontrer le monde de l’agriculture et en particulier les femmes qui s’illustrent dans cette profession. Sa série Ultra Pampa évoque la vie du quotidien des habitants de ce territoire rythmé par les rencontres de la photographe.
« Au fil des saisons, j’ai tenté de saisir le quotidien d’agricultrices et d’agriculteurs en me voulant témoin de la dureté de leur métier. En arpentant les routes de Thiérache au gré des événements locaux et de l’activité agricole, j’ai rencontré ses habitants : retraités, sportifs amateurs, pompiers, vétérinaires, écoliers, femmes au foyer, apprentis, bénévoles ou maires de petits villages… À travers cette série, qui renoue avec la jeunesse, je dresse un état des lieux tendre et cru de ce pays. J’exprime une vérité tangible que les journaux et les statistiques finissent par rendre éthérée, légendaire. »
Hyper Life / Stéphanie Lacombe
En Champagne Picarde, les commerces ont déserté les centres-villes et l’animation des rues principales s’étiole dans le calme de l’ennui. Le supermarché, posé au milieu des champs, est devenu, au-delà de sa dimension utilitaire, lieu de vie et de rencontre. Le parking, immense espace ou la plupart des jeunes du coin ont appris à conduire, est le royaume des voitures, espaces intimes qui trimballent les histoires des gens, celles qu’ils racontent et celles que l’on devine. À cet endroit, pareil a mille autres et sans autre fonction que celle d’accueillir sans grâce les gestes répétés d’un quotidien désenchanté, Stéphanie LACOMBE reconstitue une communauté humaine qui semble de prime abord faite de hasards et de nécessités. Il semble que tout ce qui pouvait faire la légende d’un territoire rural – ses paysages, ses convivialités, ses marchés – se soit dilué dans un décor qui évoque l’Amérique des parkings, des stations-service et des distributeurs de pizzas. Les looks inspirés de La Fureur de vivre, les voitures massives et déglinguées, remuent des mythologies cinématographiques, peut-être appelées à repousser des horizons raccourcis par les enseignes commerciales et les panneaux publicitaires. C’est pourtant à cet endroit, au milieu de ces vies invisibles et sous un ciel gris de plomb, au bord des amertumes et des renoncements qui affleurent parfois, que la photographie de Stéphanie LACOMBE parvient à animer le grand théâtre des petits drames, des espoirs pas raisonnables, des amitiés robustes et des histoires d’amour.
Notice créée le 15/09/2025.