Vue de face du lavabo fontaine n° 10

Lavabo-fontaine n° 10, Société du Familistère de Guise Dequenne & Cie, vers 1897. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2006-12-1). Crédit photographique : Familistère de Guise, 2018.

Le lavabo-fontaine n° 10 dans le Supplément général de l’album général de 1892 de la Société du Familistère, 1897. Collection Familistère de Guise. Crédit photographique : Familistère de Guise. 

Lavabo-fontaine n°10

Auteur du modèle :

Société du Familistère de Guise Dequenne et Cie

Raison sociale de la Société du Familistère de Guise sous la gérance de François Dequenne, de juillet 1888 à 1897.

Lieu :

Guise

Date : vers 1897
Technique : fonte de fer moulée et émaillée (fontaine) ; fonte émaillée et peinte (cuvette) : laiton (robinet)
Mesures : H. 50 ; L. 30,5 ; P. 21 cm (fontaine) ; H : 12,5 ; L : 48,5 ; P : 30,8 cm (cuvette)
Inscriptions :

Sur le devant de la fontaine, moulé en relief dans la fonte « ANCne Mon GODIN DEQUENNE & Cie » ; moulé en creux à l’intérieur de chaque élément : « 10 ».

Domaine :

appareil sanitaire

Type : lavabo-fontaine
Acquisition : achat en 2006 avec le concours du Conseil Général de l'Aisne, de la Région Picardie et de l'Etat (FRAM 2006).
Inventaire n° : 2006-12-1
Notice :

C'est au tournant des années 1880 que les articles d'hygiène se développent en France. La lutte contre l'insalubrité impulsée par les médecins et les chercheurs est, après 1850, reprise par les politiques et les architectes. La clientèle bourgeoise est sensible à la nouvelle idéologie de la propreté. La fonte de fer émaillée représentait une bonne alternative à la faïence pour l'équipement des espaces sanitaires du logement ou des lieux publics.  Le marché de l'équipement d'hygiène domestique et publique semble alors en forte expansion. Entre 1870 et 1898, dans les catalogues de vente de la Société du Familistère de Guise, les articles d'hygiène regroupés dans les séries 13 « Articles de propreté » et 14 « Articles de bâtiment » vont connaître une explosion du nombre d'articles proposés : baignoires et leurs accessoires, appareils de douche, fontaines-lavabos, bains de siège et bains de pied, postes d'eau, lavabos-toilettes, lavabos scolaires, éviers, appareils inodores et plaques et sièges à la turque, etc.

Les lavabos-fontaines figurent dans les catalogues généraux de la Société du Familistère de Guise de 1887 à 1931. En août 1887, apparaissent les quatre premiers modèles. Sur les catalogues de 1897 à 1914, la gamme complète s'inscrit dans la 13e série et compte 16 modèles différents ; toutefois les deux premiers numéros ont disparu. Dans l'après-guerre, il ne subsiste plus qu'un modèle, le plus ancien, en trois formats différents n° 3, 4 et 5.

Ce lavabo-fontaine de modèle N° 10 est créé, d'après l'inscription visible en façade, par la Société du Familistère de Guise pendant la gérance de l'administrateur François Dequenne, soit entre 1888 et 1897. D'après les catalogues, il s'agit d'un modèle livré avec plaque de propreté, toutefois, il semble que cet exemplaire ait été vendu sans plaque. En effet, on distingue très bien sur le dessin du catalogue de vente les pattes de fixation de la fontaine sur la plaque de propreté qui prennent la forme d'une fleurette. Elles sont absentes de notre exemplaire sans aucune trace d'arrachement. Par contre, l'arrière de la fontaine tout comme celui de la console de la cuvette sont parfaitement aménagés pour un accrochage direct sur le mur. Le catalogue fournit les précisions suivantes : « Tous les lavabos-fontaines se livrent toujours avec le réservoir-fontaine en fonte bronzée, la plaque de propreté, la cuvette et les porte-savons en fonte émaillés blanc. ». Notre exemplaire s'inscrit parfaitement dans ces précisions où la console en fonte bronzée (émail vert à l'imitation du bronze oxydé) supporte la cuvette émaillée de blanc. Les lavabos-fontaines N° 10 d'une contenance de 10 litres d'eau permettaient de se laver facilement les mains dans des lieux où l'eau courante faisait défaut. Le Familistère conserve le modèle de ce lavabo-fontaine, déposé le 6 septembre 1890 par la Société du Familistère de Guise Dequenne & Cie au conseil de prud’hommes.

Pour Jean-Baptiste André Godin, la fabrication d'appareils d'hygiène n'est pas seulement un problème industriel et commercial. L'hygiène est un des avantages apportés par la richesse auxquels la classe ouvrière doit accéder, notamment parce que c'est une condition à l'élévation morale, sociale et intellectuelle de l'homme. Comme il l’explique dans son ouvrage Solutions sociales : « la Propreté et l'Hygiène sont au nombre des premiers besoins que la créature humaine éprouve pour entrer dans la voie de la Vie Progressive ; il faut donc que la réforme architecturale en mette les moyens à la portée de tout le monde ». Ainsi dès sa construction en 1859, le Familistère est équipé de ces articles d’hygiène en divers points : fontaine, douches et cabinets d'aisance à tous les étages du Palais social, des cabinets de bains au rez-de-chaussée et à la buanderie-piscine, des lavabos scolaires et des toilettes dans les écoles. Dès 1870, le bâtiment dédié à l'hygiène construit pour le bien-être de tous les familistériens dans l’aile droite comprend des bains, une piscine et une buanderie alimentés par les eaux de l'usine ainsi qu'un séchoir.

Bibliographie :
Supplément général de juillet 1897 à l’album général de septembre 1892 de la Société du Familistère de Guise Dequenne & Cie, Le Cateau, Typographie et lithographie J. Roland, 1897, p. 144.
Godin (Jean-Baptiste André), Solutions sociales, Paris, 1871, p. 493.

Mots-clés : appareil sanitaire ; lavabo ; hygiène
Œuvres en rapport :

modèle n° 152 du lavabo-fontaine n° 11

modèle n° 136 du lavabo-fontaine n° 10

modèle n° 258 d’une baignoire de forme anglaise

La buanderie du Familistère

Notice créée le 30/03/2021. Dernière modification le 02/04/2021.