Le diplôme est orné d'une vue lithographiée du Familistère de Guise.

Diplôme de la fête du Travail remis le 1er juin 1873 à Aimé Quent. Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1873. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-42). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

Diplôme de la fête du Travail remis le 1er juin 1873 à Aimé Quent, ajusteur

Éditeur :

Fonderies et manufactures Godin-Lemaire

Raison sociale de la manufacture d'appareils de chauffage active à Esquéhéries et à Guise, de 1840 à 1880.

Lieu :

Guise

Date : 1873
Auteur du modèle :

Godin (Jean-Baptiste André)

Jean-Baptiste André Godin (1817-1888), industriel, fondateur du Familistère de Guise.

Lieu :

Guise

Date : avant 1870
Imprimeur :

Imprimerie Berthaut

Imprimeur lithographe actif à Guise (Aisne) au XIXe siècle.

Lieu :

Guise

Date : avant 1870
Technique : lithographie ; imprimé ; papier ; manuscrit
Mesures : H. 38,8 ; L. 49,5 cm
Inscriptions :

imprimé et manuscrit à la plume : « Mention honorable de première classe | délivrée par les suffrages des conseils du Familistère et des délégués des ouvriers | A M. Quent, Aimé, ajusteur qui a obtenu le n° 1 au classement de l’ajustage le jour de la Fête du Travail | au Familistère de Guise, du 1er juin 1873 | Godin » ; imprimé dans la marge en bas : « Lith. mue à la vapeur. Berthaut Guise ».

Domaine :

imprimé

Acquisition : fonds ancien du musée municipal de Guise, transféré en 2006.
Inventaire n° : 1999-3-42
Notice :

Godin institue en 1867 la fête du Travail. Elle a lieu chaque année au printemps pour célébrer le renouveau social accompli par le Familistère. C’est la célébration d’un culte laïque du travail, expression du génie humain, créateur de richesse et fondement d’un pacte social inédit. Le moment culminant de la fête est grande cérémonie qui réunit la population du Familistère dans la cour du pavillon central du Palais social, au cours de laquelle sont distribuées des récompenses aux travailleurs. La liturgie et le décorum de cette célébration, sous la verrière de la cour du pavillon central ornée de trophées industriels, ne sont pas sans rappeler les cérémonies des expositions universelles. Mais dans la splendeur de la fête se joue une partie de la réforme sociale. Godin profite de l’enthousiasme collectif que l’événement suscite pour approfondir l’expérimentation de la coopération entre le capital et le travail. La distribution des récompenses est un essai de partage des bénéfices industriels par le moyen d‘une rémunération du talent, d’inspiration fouriériste.

De 1867 à 1872, Godin, en émule de Charles Fourier, fait d’abord confiance au vote des travailleurs pour distinguer les plus capables, méritants ou talentueux d’entre eux. Mais le résultat de ces élections est décevant : les votes ne sont pas désintéressés, sous l’influence des affinités des électeurs. Pour la fête du Travail de 1873, Godin transforme le processus de désignation des lauréats. Il s’en remet, écrit Michel Lallement, à un comité de 20 délégués des ouvriers, composé de 8 mouleurs, 4 ajusteurs, 1 émailleur, 3 mécaniciens forgerons, 1 constructeur de modèles, 1 menuisier et 2 manouvriers. Le 26 mai précédent la fête, Godin réunit les délégués au théâtre les délégués : « En vue de la fête du Travail, ceux-ci ont pour mission de dresser une liste des employés méritants en s’appuyant sur un ensemble de critères objectifs : notes de fabrication, primes mensuelles, propension à innover… Les conseils du Familistère n’interviennent que dans un second temps pour modifier, si nécessaire, le classement établi par les délégués. » (Lallement, 2009, p. 250-251). Les ouvriers de l’usine sélectionnés par le comité sont classés par ordre selon leur catégorie professionnelle. Le nom des 109 lauréats est publié par voie d’affiche avant la fête du Travail.

Aimé Quent, ajusteur, arrive ainsi en première position dans le classement de l’ajustage. Il se voit décerner une mention honorable de première classe. Un diplôme lui est remis le 1er juin 1873, jour de la fête.

Le modèle du diplôme est différent de celui des diplômes décernés le même jour pour les mentions honorable de 4e classe (voir la notice du diplôme délivré à Eugène Blondelle, inv. n° 1999-3-44). Le texte, élaboré par Godin pour le diplôme de la première fête du Travail en 1867, est inchangé. Mais la bordure « parlante » a été remplacée par un cadre simplement ornemental, et, sous la devise « Émulation, Progrès, Liberté » qui apparaît ici sur un phylactère rouge, une représentation du Familistère a été ajoutée. La lithographie a été exécutée d’après une photographie du Palais social prise en 1865 (inv. n° 2000-1-301), au moment de l’achèvement de la construction du pavillon central. Pour les Familistériens de 1873, la vue est incomplète : elle ne montre pas, en effet, le théâtre et les écoles, qui ont été édifiés en 1870. Aussi, faut-il penser que le modèle de ce diplôme a été conçu et imprimé entre 1867 et 1870.

Comme sur le diplôme de mention honorable de 4e classe, il a fallu tenir compte de la nouvelle procédure de désignation des lauréats. Le texte imprimé « délivrée par les suffrages des travailleurs du Familistère » a été changé en « délivrée par les suffrages des conseils du Familistère et des délégués des ouvriers » par l’ajout d’une bande de papier collée et de mentions manuscrites. La mention du nombre de voix obtenues au scrutin du diplôme de 1867 a été effacée et remplacée par l’indication du classement du lauréat dans sa catégorie professionnelle. Ces corrections sont l’indication que Godin met un terme aux expériences faites de 1867 à 1872 pour distinguer le talent par voie d’élection, bien que le mot « suffrages » ait été conservé sur le diplôme de 1873.

On peut enfin relever que le récipiendaire du diplôme est un Familistérien exemplaire : Aimé Quent (Le Sourd, 1845 – Guise, 1914) est né dans un hameau proche de Guise ; il est employé au Familistère dès 1860 ; c’est un ajusteur talentueux promu surveillant d’atelier, qui devient en 1880 l’un des quinze premiers associés de l’Association coopérative du capital et du travail, membre du conseil de gérance en qualité d’auditeur puis conseiller permanent en tant que directeur du montage ; enfin, il est pensionné en 1910 au Familistère, où il décède en 1914.

Bibliographie :
Moret (Marie), Documents pour une biographie complète de Jean-Baptiste André Godin, vol. 2, Guise, Familistère de Guise, 1902-1906, p. 549-567.
Prudhommeaux (Jules), Les expériences sociales de J.-Bte André Godin, Paris, Imprimerie Nouvelle (association ouvrière), 1911, p. 141-146.
Lallement (Michel), Le travail de l’utopie. Godin et le Familistère de Guise. Biographie, Paris, Les Belles lettres, 2009, p. 250-251.

Mots-clés : Familistère de Guise ; aile gauche du Palais social ; pavillon central du Palais social ; Quent (Aimé)
Œuvres en rapport :

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret

Diplôme de la fête du Travail remis le 1er juin 1873 à Eugène Blondelle, mouleur

Notice créée le 21/05/2018. Dernière modification le 19/06/2018.